Iron Maiden

par | 5 Mar 2020 | Anecdote, Musique, Studio, Vicken

Alors non contrairement à tous les guitaristes de la terre je ne suis pas un fan automatique de ce groupe. Je ne les trouve pas mauvais, je les respecte beaucoup au contraire, c’est juste qu’il n’y a pas dans leur musique ce qui moi me fait vibrer, j’y reviendrai sûrement.

Je les ai même vu deux fois en concert. La première fois juste pour voir, la deuxième c’était un petit peu par hasard lors d’un festival. Pour être honnête je suis bien obligé de dire que je me suis lourdement ennuyé lors de ces deux fois.

On m’en avait pourtant tant parlé et puis c’est impossible de les louper, ils sont partout, sur le moindre t-shirt ou veste à patch du moindre fan de metal à travers le monde. Franchement, quel mec un tant soit peu chevelu possédant une guitare n’a pas au moins un album d’Iron Maiden dans un range CD trainant quelque part ?

J’admet que je ne fais pas non plus exception à la règle, c’est pour dire. Je pousse même le bouchon encore plus loin car je suis même allé jusqu’à apprendre leurs morceaux pour intégrer un groupe de reprises reprenant essentiellement du Maiden. J’avais appris 10 morceaux pour ma première répétition et 3 mois après nous jouions 40 morceaux dans un concert fleuve de 4h. Je n’ai donc pas fait de caprices ni la fine bouche, je me suis collé à cet exercice. Même si leurs morceaux sont tout autant ennuyeux à écouter qu’à jouer, il y en avait bien deux ou trois qui me procuraient un petit peu plus de plaisir. Cela dit cette expérience en groupe aura été l’une de mes meilleures et je ne l’aurais sans doute pas fait si mes camarades n’étaient pas d’aussi bonnes personnes.

Il se trouve également que l’un de mes amis technicien son avec qui j’avais fait toute ma formation travaillait encore courant 2019 au studio Guillaume Tell à Suresnes. Studio ouvert en 1986 réaménagé dans un ancien cinéma où tous les plus grands noms de la musique sont venus enregistrer et enregistrent toujours. C’est ainsi que mon ami a vu passer Johnny Hallyday peu avant sa mort, Michel Legrand peu avant sa mort, Mylène Farmer peu avant sa… non non… et… Iron Maiden.

J’étais venu visiter ce studio un an plus tôt grâce à lui. Nous avions écouté en avant première les dernières prises que nous avait laissé notre Johnny national.

Un an plus tard c’est Iron Maiden qui avait accaparé les lieux. Pour une durée de trois mois pour l’enregistrement de leur nième album. Et c’est ainsi que j’ai eu le privilège de venir visiter le studio un soir peu après l’achèvement de la session du jour. C’est à dire que le groupe n’était pas là, ils venaient tout juste de rentrer dans leur résidence mitoyenne au studio. J’ai tout de même eu un privilège qu’un fan de Maiden aurait tué pour avoir, j’en avais bien conscience, j’avais l’impression d’être un usurpateur cela dit j’aurais certainement fait pire s’il s’agissait du groupe Queen.

Rentrer dans ce studio est toujours un voyage dans le temps en 1986, toutes ces machines, ces vieux appareils désossés, il est resté dans son jus. J’ai donc vu tout le matériel et les installations d’Iron Maiden tels qu’ils avaient été laissés quelques minutes plus tôt. Tout d’abord le coin pour les guitar techs avec accordeurs, fers à souder et caisses à outils, le flipper d’Iron Maiden à l’effigie du groupe et diffusant de la musique du groupe sur lequel j’ai joué et sur lequel les membres du groupe jouent durant les pauses. Dans la régie principale habituellement si bien rangée, une myriade de vieux périphériques de studio apportés par le groupe connectés à la console et branchés sur des prises anglaises, les lunettes de leur ingénieur du son posées à moitié ouvertes sur la console encore chaude et un cahier de brouillon griffonné et raturé laissé négligemment là. Le cahier de leurs paroles vous l’aurez compris. Le plus drôle étaient ces boites de sachets de thé et ce mini frigo rempli de bouteilles d’eau.

Dans la pièce d’enregistrement à proprement parler (l’ancienne salle de cinéma), derrière la porte vitrée, toute l’installation des musiciens dans des conditions de live. On pouvait reconnaître la batterie de Nicko McBrain à l’effigie du groupe avec sa petite peluche fixée à l’avant, le stand de Steve Harris ainsi que de chacun des trois guitaristes. C’était impressionnant de voir toutes les guitares de chacun posées sur leur stand. C’est alors que je me suis permis de prendre l’une des guitares d’Adrian Smith et de jouer quelques riffs de Maiden dessus avant de la reposer prudemment. Mon sentiment d’imposteur était au plus haut à ce moment là d’autant qu’aucun de leur fans n’était au courant de leur présence ici. Bruce Dickinson chantait quant à lui dans une petite pièce attenante avec une mini caméra pointée sur lui pour pouvoir communiquer avec la régie.

Petite visite intéressante et très instructive à bien des égards. Déjà de voir comment fonctionne un groupe de vieux de cette époque, façon Queen dans leur documentaire de 1985 sur One Vision, un vrai saut temporel. De voir qu’il y a encore des personnes qui enregistrent dans ces conditions à 1800 € HT la journée, tout le monde n’en est pas déjà à faire ça dans sa chambre, de quoi garder espoir. De voir à quel points ces papys s’entretiennent bien et sont partis pour durer encore longtemps. Ils roulent à l’eau minérale et au thé, pas de drogues, pas d’alcool, au lit tôt… ça devrait se jouer entre la reine d’Angleterre et eux.

Ce n’est pas une raison pour aller faire le pied de grue maintenant du côté de l’avenue de la Belle Gabrielle. D’accord vous croiserez peut-être AC/DC ou Iron Maiden mais vous aurez tout de même plus de chances de tomber sur Mylène Farmer avec ses chiens et son chauffeur.

Je certifie que tout ce que je viens de raconter plus haut est vrai, je n’avais néanmoins pas le droit de prendre de photos, règle que j’ai bien observé. Vous êtes donc obligés de me croire.

1 Commentaire

  1. Joaolemmy

    Franchement, j’avoue que je bave ! ! ! 🙂 mais ton article est cool ! !

    Réponse

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